Billet du moment – Décembre 2021
La mort, sujet vital
(Extrait du livre : « Ne laissez pas votre vie se terminer avant même de l’avoir commencée »)
« L’enfer, c’est l’impossibilité de mourir, l’ennui sans fin. Aussi nous faut-il choisir entre la plénitude dans la finitude ou l’éternité dans l’inexistence. La mort vitale est ce qui rend la vie mortelle passionnante » (Vladimir Jankélévitch)
En réalité, la mort est génétiquement programmée dans la vie. Elle doit être considérée comme un phénomène biologique capital qui permet la vie et l’évolution.
C’est exactement ce que nous enseigne l’observation du corps humain au niveau cellulaire : toutes nos cellules doivent mourir et être remplacées pour permettre à l’organisme global de se développer et de s’optimiser. L’ensemble du monde vivant, à toutes les échelles, répond à cette dynamique de progression dans laquelle il ne peut y avoir d’apparition ni d’avancée sans disparition. Il n’est pas difficile de voir, par exemple, que les forêts sont vieilles mais les arbres sont jeunes. Considérez ceci quelques instants. Voilà qui nous questionne sur notre place ici-bas. Nous nous vivons comme des individus, séparés et permanents, mais nous sommes à l’évidence les parties d’un tout auquel nous prenons part de façon temporaire.
« Quelqu’un a calculé un jour que tous les sept ans en moyenne, tous les atomes de notre corps avaient été remplacés par d’autres venus de l’extérieur. Ceci en soi mérite notre réflexion. Que suis-je si quasiment toutes les substances de mon corps sont remplacées en dix ans ? »
Jon Kabat-Zinn
Que somme-nous si ce n’est d’infimes parcelles de l’univers, des agrégats passagers d’énergie et de matière ? Selon Albert Einstein, l’être humain a beau être une partie de la totalité, une partie limitée dans le temps et dans l’espace, celui-ci est trompé par une sorte d’illusion d’optique de sa conscience qui le conduit à se percevoir comme éternel et indépendant de tout le reste. En effet, l’expérience que nous faisons de nous-mêmes, de nos pensées et de nos sentiments, peut facilement nous piéger et nous faire perdre de vue la totalité et la connexion.
« Cette illusion est une sorte de prison qui nous restreint à nos désirs personnels et à notre affection pour quelques proches. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. Personne n’est capable de réaliser cela complètement, mais tendre à cet accomplissement est en soi une part de la libération et le fondement d’une sécurité intérieure. »
Albert Einstein
qui nous piègent tous »